La Scandinavie est un réservoir de talents qui ne cesse de grandir. Susanne Sundfør fait partie de ces artistes très inspirés qui alimentent ce vivier. Elle n'a que 31 ans et déjà 11 ans de carrière. Sa pop envoûtante et sa voix magnétique ont certainement de quoi séduire.

En Norvège, elle a placé trois de ses six albums à la première place des charts. Elle est un peu leur Florence Welch nationale. Mais comparer Susanne Sundfør à d'autres artistes ne lui fera pas justice, car elle possède un univers personnel et ne donne pas l'impression de "faire du" quelqu'un d'autre.

Examinons tout d'abord son style. Sa pop est teintée d'influences variées allant du jazz au trip hop en passant par des influences baroques pour ce qui est des dissonances et des modulations. On obtient une sorte de dream pop multiforme qui utilise aussi bien de la harpe que du synthé. Par moments, on a même droit à de l'orgue et du clavecin.

Ce qui est certain, c'est qu'en dépit de la boîte dans laquelle on voudra la ranger, elle dépassera de l'écrin d'une manière ou d'une autre, tant elle a trouvé un son qui lui appartient.

D'ailleurs, l'artiste a une approche très pragmatique de sa condition, car elle n'a décidé de devenir une compositrice-interprète professionnelle qu'après son troisième album The Brothel (2010). Selon la chanteuse, c'est à ce moment qu'elle a trouvé son identité musicale et la volonté d'exercer ce métier et aucun autre.

De mon point de vue, sa musique est très intéressante. Parfois épique, parfois tragique mais toujours puissante. Elle tire les ficelles du pathos dans tous les sens. Le frisson peut vous prendre au cours d'une montée en puissance propre à l'électro à laquelle s'ajoute une mélodie lancinante. Susanne Sundfør peut également vous tirer la larme à l’œil au cours d'une belle chanson d'amour.

Le risque avec ce genre de grand écart est de proposer un album patchwork un peu décousu. Mais non, l'ensemble est cohérent et les morceaux s'enchaînent avec fluidité. La musique de Susanne Sundfør peut plaire à un public large, mais je pense que les amoureux des ambiances profondes apprécieront les passages oniriques dont elle a le secret.

Une chose est sûre, cette artiste sait trouver les notes qui font vibrer ma corde sensible.

Il y a dans ses albums de véritables pépites. Je conseille évidemment d'écouter toute sa discographie, même si j'ai un petit faible pour l'album The Silicone Veil (2012) en terme d'ambiance. Dans cet album, ainsi que dans le dernier Ten Love Songs (2015), Susanne Sundfør fait un bien meilleur usage de sa voix comme par exemple dans Memorial ou The Silicone Veil.

Encore une sirène au pays des vikings qui remporte mon adhésion!