London Grammar


London Grammar est un trio britannique composé de Hannah Reid (chant), Dan Rothman (guitare) et Dot Major (Clavier et percussions). Leur style musical se situe entre la dream pop et le trip hop, débordant par moment sur le terrain d'une pop plus traditionnelle. L'ensemble est planant, profond et définitivement captivant.
Soyons honnêtes dès le départ, London Grammar ne révolutionne pas les genres abordés. Cependant, la qualité est au rendez-vous et les arrangements plutôt efficaces. Bien qu'il s'agisse d'un travail d'équipe, c'est sans doute la voix de l’envoûtante Hannah Reid qui produit la magie du groupe. La soprano nous ravit de son timbre d'une douceur un peu froide, digne d'une sirène du cercle polaire. C'est beau et maîtrisé.

L'histoire du trio a débuté un peu avant 2010, à l'Université de Nottingham en Angleterre. Très vite, le groupe produit un son qui attire les chercheurs de talents et l'industrie du disque. Le potentiel ne sera pas gâché, car le groupe passe très vite des bars aux festivals devant des milliers de personnes. Les premiers singles "Hey Now" et "Wasting My Young Years" tirés de l'EP Metal & Dust, cartonnent d'abord en Australie puis au Royaume-Uni et en Europe, et enfin outre-atlantique.


Le premier album s'intitule If You Wait. Les paroles traitent surtout de la transition vers l'âge adulte et des difficultés à trouver une place dans la société. Cet album sort en 2013 et reçoit une vaste acclamation de la part du public et de la presse spécialisée. On associe le groupe à Florence And The Machine ou encore Annie Lennox, à juste titre pour l'importance de l'empreinte vocale. Pour le reste... rien à voir.


Il y a quand même une toute autre ambiance dans ce que propose London Grammar. La musique du groupe est souvent sombres et lancinante, comme un bateau voguant sur une mer d'huile au clair de lune... (!) La mélancolie poétique qui émane de leurs chansons évoque un mélange de pureté et de douceur, mais paradoxalement, elle fait transparaître un sentiment de douleur silencieuse, comme la solitude ou le rejet.

En vérité, Hannah Reid me fait plus penser à Lana Del Rey qu'à Florence Welch, autant dans les intonations que dans les émotions qu'elle partage. Les acolytes Dan et Dot créent un arrière-plan sonore qui met en valeur cette voix si spécifique. Les percussions sont minimalistes, quelques notes de synthé se promènent de manière récurrente sans faire de vagues, idem pour la guitare qui se contente de jouer des notes éthérées qui prennent parfois un peu plus d'ampleur, avec une harmonie indiscutable.

Le premier album alterne des morceaux très calmes et d'autres plus orientés trip-hop, où l'aspect rythmique gagne parfois en intensité, grâce à l'ajout de djembé qui offre une dimension un peu plus tribale.



Le second album Truth Is a Beautiful Thing est sorti cette année (2017), soit quatre ans après. Le temps pour le trio de soigner ce nouvel opus. Globalement, on baigne dans les mêmes eaux. Il s'agit toujours d'une trip hop au faible tempo, accentuant les envolées vocales qui donnent envie de fermer les yeux pour mieux apprécier la pureté du son. J'ai un énorme coup de cÅ“ur pour le premier morceau intitulé "Rooting For You", qui est par ailleurs le premier single de cet album. Le choix de la mélodie et les arrangements sont parfaits.

Dans cet album, je retrouve un climat qui m'évoque les productions des chanteuses scandinaves émergentes comme Ingrid de Highasakite ou Aurora. Ce n'est pas pour me déplaire. L'ensemble est une incitation à la rêverie. La magnifique voix d'Hannah Reid est toujours mise en valeur, mais j'ai la sensation que le trio redonne plus de hauteur à la part instrumentale. Le mixage de cet album est selon moi bien meilleur que le premier.

London Grammar nous rappelle que la musique n'a pas besoin d'être complexe pour transporter. Au passage, je trouve que le format de trio est optimal pour délivrer l'essentiel de la musique. Ça implique moins de fioriture et plus d'espace pour la mélodie.

Alors voyageons ensemble à bord du vaisseau de London Grammar et laissons-nous porter sur le flot des émotions. J'ignore pourquoi je n'ai pas cessé d'utiliser des métaphores nautiques dans cet article... je m'arrête avant de couler. Bonne écoute! Et c'est encore mieux en live...