Elsiane

mai 14, 2018



Elsiane est un groupe québécois qui excelle dans le genre trip hop, capable de créer une ambiance magique et mystique où les percussions et la performance vocale s'harmonisent au point de créer de véritables chefs-d’œuvre musicaux.

Cette musique résulte de la collaboration de deux artistes : Elsieanne Caplette (chant, clavier, basse, guitare) et Stéphane Sotto (Batterie et percussions).

Elsieanne grandit au Pérou en étudiant originellement la musique classique et principalement la guitare. Elle chante dans un groupe péruvien avant de venir s' installer à Montréal vers l'an 2000 où elle rencontre Stéphane, percussionniste autodidacte. Leur penchant commun pour le jazz et l'électro semble faire figure de point de départ à leur association musicale.




Leur premier album s'intitule Hybrid (2007). On y retrouve la quintessence du trip hop. Le tempo lent  agrémenté de samples planants sur lequel se pose la voix unique de la chanteuse, éthérée et riche en modulations techniques qu'on croirait presque surnaturelles. Il n'y a qu'à écouter le titre Mend (To Fix, To Repair) pour observer ces effets.

L'album commence vraiment bien avec le titre Vapourous qui mérite une place au panthéon du trip hop, n'ayant rien à envier (hormis leur succès commercial) à des groupes comme Portishead ou Sneaker Pimps. L'atmosphère fluide est suspendue au vol par les cordes vocale quasi chimériques de la chanteuse, portée par des violons parfaitement mis en place.

Le reste de l'album maintient cette qualité en emmenant l'auditeur sur des sentiers proches de la world music, de l'electro , du jazz, du rock, mais sans jamais perdre le fil du trip hop. Le travail des percussions et de la batterie est fondamental dans tous les albums. Il sert de socle sur lequel repose toute la composition des morceaux. Je ne m'y connais pas particulièrement en technique de batteur, mais je peux garantir qu'il y a beaucoup de talent dans les pattes de Stéphane Sotto.


Le second album, Mechanics of Emotion (2012), est dans la lignée du précédent. Cependant, quelque chose a évolué. On ressent quelque chose de plus tribal et épuré, tout en étant plus abouti à la fois. Il y a plus de diversité que dans l'album précédent. La structure semble prendre forme vers une musique plus personnelle.



Le groupe ne fait plus que du trip hop, il fait du "Elsiane". L'identité artistique du groupe émerge au-delà de l'empreinte vocale de la chanteuse.

L'équilibre de l'album s'appuie également sur des petits intermèdes qui font office de transition entre les morceaux. Chacune des musiques possède sa propre personnalité. Si je devais en mettre quelques-unes sur un piédestal, j'y placerais Nobody knowsUnderhelped et Slow Decline.


Enfin, après un intervalle de 5 ans qui devient récurrent, Elsiane sort son troisième album Death of the Artist (2017). C'est à mon goût l'album le mieux réussi. Il réunit tout ce qu'il y avait de bon avant en ajoutant une sphère émotionnelle encore plus intense et plus profonde. Cet album m'a touché au cœur pour plusieurs raisons.

La première est strictement musicale. Les mélodies sont vraiment belles et les chansons ont une structure qui flirte avec la perfection. On se situe tantôt dans le voyage onirique tantôt dans la bande originale d'un film (Back to the Source... un bijou!).

La seconde est au niveau du message que délivre l'album. C'est à la fois un appel à l'aide et un cri de désespoir face au monde de l'industrie musicale. C'est écrit dans le nom de l'album : Death of the Artist, aka la mort de l'artiste avec un grand A. C'est le message de ces auteurs indépendants qui évoquent la difficulté d'exister dans une société de majors qui prime sur la quantité au détriment de la qualité, où il est difficile pour un artiste d'exprimer son art sans travestir son âme et survivre au cruel formatage du marché musical.

C'est justement avec cette énergie, entre un mélange de passion et de détresse, que le duo produit une oeuvre d'exception. Il n'y a plus qu'à s'armer d'espoir et de patience pour je l'espère voir surgir un nouvel album dans 5 ans. En attendant, il y a de quoi s'offrir des heures de plaisir en boucle.

Ceci me donne l'occasion d'ajouter que les paroles ne sont pas optionnelles. Elles apportent beaucoup de sens aux mélodies et ce, sur tous les albums.

Avec Death of the Artist, Elsiane a désormais sa place parmi mes artistes favoris. Il n'y a rien à jeter. Sans oublier l’enchaînement des quatre morceaux Fragilidad, Nobody Will EscapeBeginning of the End et Death of the Artist... le petit Jésus en culotte de velours!

Bon, vous aurez compris que j'adore Elsiane et le recommande à tous les amateurs de trip hop, d'electro, de world music et globalement de musique indépendante.



Petit fait amusant : les notes principales du morceau "Beginning of the End" sont les mêmes qu'au début du titre "Ce qui nous lie est là" de Camelia Jordana. (Très bon titre en passant...)


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