Qu'est-ce que la sagesse ?

mai 08, 2017



...ou comment penser avec sagesse ? Et si nous prenions quelques minutes pour y réfléchir ensemble ?

Suite à une lecture sur le site Psychomédia, j'ai pensé qu'il pouvait être intéressant de relayer ce brin de raisonnement.

Tout d'abord, comment définit-on la sagesse ? Il existe plusieurs définitions et il n'est pas simple d'établir avec exactitude cette notion. On s'accorde à dire que la sagesse est une utilisation compétente des connaissances et de l'expérience pour améliorer son bien être et celui des autres.

Certains chercheurs, comme Paul Baltes et Ursula Staudinger (des psychologues allemands), définissent la sagesse comme une expertise à propos de la conduite et du sens de la vie. Pour eux, la sagesse est un élément important pour construire une vie meilleure. Ils ont même référencé les types de savoirs qui constituent l'armature de cette expertise.

D'autres chercheurs et notamment l'américain Robert Sternberg a lui aussi cherché à définir ce terme pour finalement aboutir à une tirade imbuvable que je préfère synthétiser de cette façon: La sagesse est une application des connaissances théoriques et pratiques qui vise à atteindre l'équilibre personnel et collectif, tout en s'adaptant en fonction de l'environnement passé, présent et à venir (c'est toujours imbuvable, mais croyez-moi quand je vous dis que j'ai synthétisé...).

Bon, rien que là, on sent que tout le monde est d'accord, mais que la définition n'est pas simple. Elle est au contraire assez complexe, car elle pourrait se confondre avec l'intelligence. Il est vrai que lorsqu'on qualifie quelqu'un de sage, on l'associe inévitablement à une personne intelligente. Quand bien même faudrait-il définir convenablement ce qu'est l'intelligence.

En psychologie, on parle de deux formes d'intelligence qui constituent l'intelligence globale:

  • L'intelligence fluide: Capacité de penser rapidement et de se rappeler d'une information, de l'analyser et de raisonner afin de résoudre des problèmes, indépendamment des connaissances acquises.
  • L'intelligence cristallisée: Capacité d'utiliser l'expérience et les connaissances accumulées. 
Toutefois, la sagesse fait a minima appel à l'intelligence, puisqu'elle nécessite une bonne utilisation des connaissances à des fins positives sur tout ce qui entoure une personne, ainsi que sur elle-même. On pourrait même se demander si la sagesse est le pinacle de l'intelligence ? Néanmoins, certains chercheurs pensent que l'intelligence est moins un prérequis d'accès à la sagesse que le contexte qui entoure un individu.

Penser avec sagesse, selon Igor Grossman (psychologue canadien), revient à surmonter un véritable  défi, car cela dépend du contexte dans lequel la personne se trouve. Par exemple, si une personne est centrée sur elle-même, il lui devient difficile de penser avec sagesse. Il dit :

"La sagesse n'est pas qu'une qualité intérieure, elle se déploie en fonction des situations dans lesquelles les gens se trouvent. Certaines situations sont plus susceptibles de promouvoir la sagesse que d'autres".

Lui et ses collègues de l'Université de Waterloo ont identifié quatre caractéristiques clés d'un raisonnement sage:

  • l'humilité intellectuelle ou la reconnaissance des limites de ses propres connaissances
  • l'appréciation de perspectives plus larges que le problème en cause
  • la sensibilité à la possibilité de changement dans les relations sociales
  • le compromis ou l'intégration de différentes opinions.
Les études de ces chercheurs montrent que la prise de recul est nécessaire à un raisonnement sage, et que pour éviter de rester centré sur soi, il faut examiner les scénarios du point de vue d'un tiers, comme si l'on donnait des conseils à un ami.
Ces recherches pointent du doigt le fait qu'en n'adoptant pas un point de vue personnel, nous favorisons les idéaux collectifs et interpersonnels, ce qui rend les notions de morale et de justice plus fortes. L'étude vise à expliquer que se décentrer de soi permet de percevoir un tableau plus large des événements et donc de mieux analyser le concept d'une expérience spécifique.

Selon Grossman, des exemples de sagesse sont :

  • L'utilisation de stratégies qui facilitent la résolution de conflits sociaux
  • Le jugement non biaisé dans l'évaluation de décisions importantes de la vie 
  • La régulation adaptative d'émotions qui compromettent des objectifs et la santé
Vous allez me dire que ce sont des phrases bien compliquées pour définir des grandes notions telles que l'empathie et le respect. Et vous aurez sans doute un peu raison, puisque la sagesse vise à créer un équilibre entre les individus. La démarche passe nécessairement par une capacité à comprendre l'autre et à tout faire pour qu'il se sente bien. Est-il possible d'être sage sans être empathique ? Question d'autant plus intéressante quand on sait que le développement et/ou l'apprentissage de l'empathie se fait dès l'enfance.

Je conclurai cet article en disant que la sagesse est difficile à définir et difficile à atteindre. Pour les uns, elle est un objectif de vie, pour les autres une mission impossible. Est-elle une illusion ou encore une nécessité ?
A mon humble avis, chacun doit trouver sa propre voie et sa propre définition de la sagesse.

Je salue tous les philosophes, qui au moins, essayent de la trouver.

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